Me laisser bercer par le clapotis des vagues, observer les rayons du soleil se refléter sur la surface mouvante. Et lorsqu’il pleut, regarder des petits cercles s’y former et disparaître, comme des milliers de petites empruntes éphémères laissées par les gouttes de la pluie qui danse sur l’eau. Le chant des oiseaux, l’odeur iodée de l’eau de mer, les embruns, le goût du sel sur les lèvres, le sable sous les pieds. Les nuages qui passent, tout là-haut, nonchalants. Et puis plus loin, des reliefs qui se détachent sur l’horizon, la douce musique du vent qui joue dans les feuillages et vient caresser ma peau, des couleurs vives…
J’adore la mer. Je m’y sens bien. C’est un endroit où je peux me recharger. Sur mon île, j’allais parfois prendre un bain de mer, seule, le matin quand il y avait encore peu de monde. Ou juste passer un moment sur la plage avant de commencer ma journée.
Cela me plaît d’aller seule à la plage, c’est un moment pour moi. Bien sûr, je peux être accompagnée, cela ne me dérange pas mais je veux pouvoir m’adonner à quelques petits rituels. Par exemple, j’aime bien y écrire, dessiner, prendre des photos, méditer parfois ou bien juste écouter les sons de la plage et regarder les rayons du soleil se faufiler à travers les feuillages. Juste apprécier d’être au calme dans la nature, savourer le moment présent.
Et quand je décide de me baigner, j’aime bien y faire mon propre rituel de gratitude. Je m’étire aussi, je danse, je fais des galipettes et je m’amuse dans l’eau, comme une petite fille. Je me rappelle, enfant, je m’imaginais que j’étais une sirène et je m’amusais à nager comme elle. Cela m’arrive d’ailleurs encore quelques fois. Qu’est-ce j’aimerais qu’elles existent les sirènes! Et quand je suis sous l’eau, je crie et me libère. Vous devriez essayer, ça fait un bien fou! Je prends soin de moi aussi, je me fais des gommages, des auto-massages.
Et puis je m’étend sur l’eau, je fais la planche.
Quelle bonheur!
Sentir la caresse chaude du soleil ou les gouttes de pluie fraîche s’écraser sur ma peau, ressentir le vent sur mon corps mouillé. Me perdre dans l’immensité du ciel, y regarder glisser les nuages. Sous l’eau, tout est tranquille. Quelques sons se font entendre. De vagues bruits étouffés, atténués me parviennent, comme dans un rêve ou dans le ventre de ma mère peut-être. Oui, cela doit se rapprocher de ce que l’on ressent et entend dans le ventre de sa mère. Le ventre de la mer… C’est peut-être pour cela que je m’y sens si bien, en sécurité, libre. Flottant, comme en apesanteur, légère, me laissant bercer, en confiance. Ressentir, apprécier, m’amuser. Et puis j’entend surtout, le sons magique de ma propre respiration, omniprésente, amplifiée, comme de l’intérieur. Je respire, donc je vis. Seul le moment présent existe. Je suis, là. Je respire, je vis. C’est tout ce qui compte. J’ai même parfois l’impression d’être seule au monde. Et entre deux respirations, le silence. Un jour, alors que j’apprenais à faire la planche, un ami m’a dit à peu près ceci : « Tu entends le son de ta respiration et le calme sous l’eau, c’est ce que tu devrais entendre tous les jours. Tu vois comme tu es détendue, c’est comme cela que tu devrais te sentir en permanence! »
Et il n’a pas tort. Il est si facile de se laisser submerger par le stress du quotidien, que l’on en oublie l’essentiel. Par exemple, moi j’étais la fille à qui l’on disait parfois : « Respire! » pas seulement pour me détendre, mais parce que parfois pendant quelques instants, je retenais littéralement ma respiration, inconsciemment bien sûr, mais j’oubliais de respirer. La méditation et les cours de chant m’ont beaucoup aidés dans ce domaine. Mais être à l’écoute de son corps et de ses ressentis reste la clé. Maintenant, chaque fois que j’y pense, j’essaie de porter mon attention sur ma respiration, cela me détend et me ramène au moment présent. Je respire donc je vis, je suis, là, maintenant. C’est tout ce qui compte, et tout est possible.
Après tout ça, je me sens détendue, reconnectée à moi-même, légère. Et dans ma tête habituellement en proie à de nombreuses et incessantes pensées, tout est calme et clair. Alors oui je suis un peu fatiguée aussi, parfois très fatiguée, mais c’est une fatigue qui est bienvenue. Une fatigue qui invite à un repos réparateur et régénérateur. Je me sens bien, heureuse.
Et vous, ça vous fait quoi d’être à la plage?
Avec amour,
